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Nous sommes à la fin du monde.
Nul ne sait vraiment où cela a commencé, et très peu savent pourquoi. Peut-être que notre monde à l'instar de chaque être mortel qui en foule un jour le sol, a un début et une fin, une naissance et une mort, un alpha et un oméga. On ne sait pas ou cela a commencé, mais seuls les fous parviennent à en contester l'évidence, les dieux sont en train de détruire notre monde.
Mitra marche sur les terres et partout où il pose son regard, des flammes immenses s'élèvent. Les champs, les cités, les forêts s'embrasent et derrière ne restent que de vastes étendues calcinées.
La plupart des animaux se changent en démons sous l'influence de leur guide Jhebbal Sag qui les lance à la poursuite et à la chasse des hommes, de tous les hommes. Il n'y a plus un seul endroit sûr.
A chaque coup de la hache d'Ymir sur le sol la terre tremble, les murs les plus solides s'écroulent et on dit que même les montagnes s'éventrent. Pour les peuples du nordheim le valhalla, et avec lui la dernière chance de prouver sa valeur, est arrivée.
Dans les vastes steppes et l'est du continent, une nuit éternelle est tombée, des étoiles se sont éteintes et continuent de s'éteindre à un rythme effréné car les innombrables dieux , esprits et démons de l'orient quittent ce monde.
Partout où vivent les fidèles de Set, des vents incommensurablement puissants se sont mis à souffler, soulevant la terre jusque dans les cieux pour les rabattre sur le monde en des tempêtes interminables jusqu'à ce que tout soit recouvert de sable.
Derketo marche dans les espaces ou il reste de la vie et joue la seconde moitié de son rôle, et son visage ne montre plus qu'une seule face, celle de la mort. Alors tout ce qui pousse encore se fane, tout ce qui survit meurt.
La faim de Yog frappe dans de nombreux lieux, les estomacs réclament inlassablement à être remplis sans jamais être rassasiés et les vivants sombrent dans la folie. De chaque source d'eau pure sur le continent naît un volcan en éruption et la lave remplace l'eau.
En Hyperborée à l'appel d'une sombre prophétie édictée par les filles de Louhi, des hommes et des femmes se rassemblent et se donnent la mort durant des rites horribles car les mortels n'ont plus leur place, ce sont les morts qui gouverneront ce qui restera et ils obéiront à la volonté de la maîtresse de la Main Blanche.
Enfin, on dit qu'une gigantesque araignée arpente les terres désolées et qu'elle récolte les corps blessés et mutilés pour garnir ses réserves afin de patienter lors d'une éternité sans vie, le temps qu'une nouvelle ère s'ouvre pour le monde.”
Nous sommes des survivants.
Quelque soit notre histoire et d'où que nous venions sur le continent Hyborien nous n'avons survécu jusqu'ici que parce que nous avons pris la route, que ce soit de plein gré, par le hasard ou la chance ou même contraints, pour rejoindre la mer et embarquer sur des navires avec d'autres qui cherchaient tout autant à fuir. Nous avons souvent dû tout laisser ou presque derrière nous, notre instinct nous a guidé. Nous naviguons désormais sans réelle destination sur une mer le plus souvent plate et sans le moindre souffle de vent. De tout ce cataclysme qui a frappé notre continent, nous héritons des cendres qui prennent la forme d'une brume épaisse qui a remplacé le ciel. Ainsi embarqués, encerclés par ce qui s'apparente à un néant angoissant, peu à peu nous nous endormons et sombrons dans un sommeil lourd, étrangement reposant, et dont nous doutons de nous réveiller un jour.
Nous sommes à la fin du monde.
