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L'Ere d'Erevos
La mer s’était mise à rugir depuis trois nuits.
Les vents, eux, n’avaient cessé de hurler, emportant l’odeur âcre de la terre qui se brise. Hestoria, jadis vaste et fertile, se fissurait comme une pierre trop longtemps chauffée. Les failles noires s’ouvraient partout, dévorant villages, forêts, montagnes entières. Les abîmes n’avaient ni fin ni fond, et, des profondeurs, montaient parfois des souffles brûlants, comme si mille mondes se disputaient le droit d’avaler Hestoria.
Les Protagonistes avaient combattu, couru, prié, trahi parfois, mais rien n’avait suffi. Les cercles de mages, les guerriers des tribus, les artisans, tous avaient vu leurs œuvres se dissoudre sous la morsure des failles. Les derniers jours d’Hestoria n’étaient plus qu’un chaos où le ciel se couvrait d’iris rouges et les rivières reflétaient une lumière rouge, tant de sang que de lave.
Alors, chacun avait fui comme il le pouvait.
Certains avaient tenté de franchir les mers dans des embarcations précaires, d’autres avaient été appelés à la téléportation par les Hauts Mages. On raconte que certains avaient pris le chemin des cieux sur le dos de Wyvernes. Les noms de ceux qui restaient s’éteignaient l’un après l’autre, comme des braises sous l’orage.
Ce fut au terme de cette errance que les rescapés aperçurent la silhouette d’un nouveau continent, dressé à l’horizon comme un croc sombre au-dessus des vagues.
Erevos.
Ses côtes étaient colorées, ses falaises sculptées par des vents nouveaux, et ses forêts semblaient retenir leur souffle à l’approche des étrangers. Aucun chant d’oiseau, aucun éclat de cloche, seulement le grondement lointain d’un volcan, tapi quelque part dans ses terres profondes.
Et pourtant… il y avait là, dans ce silence, la promesse d’un nouveau départ.
Les premiers pas sur cette terre nouvelle furent hésitants, mais chaque empreinte marquait la fin d’une ère et le début d’une autre. Les survivants comprirent alors que s’ils avaient perdu Hestoria, ils n’avaient pas perdu leur nom, ni leur force, ni leur volonté de bâtir à nouveau.
Ainsi débuta l’Ère d’Erevos - une ère née du deuil, mais nourrie d’une faim : celle de vivre, encore et malgré tout.
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