Serveur avec accès public
On dit qu’avant même que les hommes ne foulent ces terres, le vent y galopait déjà.
Au commencement,Elaria n’était qu’une vaste plaine endormie entre montagnes et mers.
Les jours y naissaient dans un voile d’or, et la nuit y murmurait les secrets des étoiles.
Nul ne sait vraiment quand la vie a pris racine ici — certains parlent d’un souffle ancien, d’autres d’un battement d’ailes, ou peut-être… du premier pas d’un cheval.
Car ce sont eux, dit-on, qui ont façonné le monde.
Leur course a dessiné les vallées, leurs sabots ont creusé les rivières, et leurs crinières, effleurant les cieux, ont semé les vents d’Elaria.
Les premiers habitants du royaume ne les considéraient pas comme de simples bêtes, mais comme des âmes du mouvement, des gardiens du souffle.
Là où un cheval posait le pied, la vie renaissait — herbes, fleurs, lumière.
Les générations suivantes ont bâti leurs foyers autour de ces compagnons sacrés.
Des écuries devinrent temples, des chemins devinrent pistes de liberté.
L’homme et le cheval partagèrent tout : le travail, la guerre, la joie et le deuil.
Mais plus que tout, ils partageaient le silence, celui où l’on entend battre le cœur du monde.
Avec le temps, certains commencèrent à percevoir ce que d’autres ne voyaient pas.
Un éclat, fugace, dans les yeux d’un poulain.
Une lumière qui dansait sur la crinière d’une jument sous la lune.
Une chaleur, presque humaine, quand la main effleurait l’encolure d’un vieil étalon.
Ce fut la première trace de magie — discrète, fragile, comme un souffle.
Aujourd’hui encore, cette magie existe, cachée dans les sabots des destriers, dans la poussière des chemins et le chant des prés.
Certains la ressentent, d’autres la cherchent.
Et quelques rares âmes — celles qu’Elaria semble choisir — parviennent à la comprendre, à la réveiller.
Mais la magie d’Elaria ne se commande pas.
Elle s’apprivoise, comme un cheval sauvage : avec respect, patience et cœur.
