Tout commença dans les années 80, dans une petite vallée industrielle oubliée au pied d’un massif montagneux. L’ancienne carrière, jadis prospère, avait été fermée brutalement après une série d’accidents inexpliqués : des ouvriers disparus dans les galeries, des machines retrouvées tordues comme par une force colossale, et surtout… ces rumeurs persistantes d’ombres mouvantes que personne n’osait affronter.
Les habitants des villages voisins parlaient d’une « malédiction de la montagne ». Les autorités, elles, expliquaient tout sous prétexte d’accidents industriels ou de légendes rurales. Mais la vérité, la Fondation la connaissait déjà : des phénomènes anormaux s’étaient réveillés dans les entrailles de la roche.
Pendant plusieurs années, de petites cellules de la Fondation furent dépêchées sur place. Elles contenaient en urgence, transportaient des objets étranges et réduisaient au silence les témoins. Mais plus les anomalies se multipliaient, plus il devenait clair qu’un poste permanent était nécessaire.
En 1991, après un incident majeur où une créature humanoïde s’échappa dans les galeries abandonnées, le Conseil O5 ordonna la construction d’un site sécurisé. La carrière fut rachetée discrètement et dissimulée derrière une couverture : une société minière fictive, censée reprendre une exploitation jamais réellement lancée. Sous la montagne, d’anciennes galeries furent renforcées, creusées plus profondément, transformées en un complexe capable d’abriter laboratoires, cellules de confinement et zones d’habitation pour le personnel.
Ainsi naquit le Zone-Daleth.
Au début, il n’était qu’un poste secondaire, une base reculée où l’on envoyait les anomalies mineures, celles que l’on jugeait trop insignifiantes ou trop
encombrantes pour les grands sites de la Fondation. Mais rapidement, sa réputation changea. Les anomalies locales étaient bien plus dangereuses que prévu : une roche qui altérait la perception du temps, une créature monstrueuse qui semblait rôder dans les tunnels les plus profonds, des disparitions de personnel jamais élucidées.
Les chercheurs de la Zone-Daleth, obsédés par leurs découvertes, poussèrent les expériences plus loin que ce que les protocoles recommandaient. Les classes-D, utilisés comme cobayes, ne ressortaient souvent jamais des cellules d’expérimentation. Les unités de sécurité, elles, savaient que malgré les murs blindés et les portes automatiques, le danger ne venait pas seulement de ce qui était enfermé… mais aussi de ce qui n’avait jamais été officiellement répertorié.
Car il se murmure que, sous les étages officiels, bien plus bas que le niveau -5, il existe encore des galeries jamais cartographiées. Des tunnels hérités de la carrière, trop instables pour être explorés, où la Fondation aurait abandonné ses premières tentatives de confinement. Certains racontent que les cris des mineurs disparus y résonnent encore. D’autres affirment que quelque chose, tapi dans l’obscurité, attend toujours.
Aujourd’hui, la Zone-Daleth est une forteresse oubliée par le monde extérieur. On y vit au rythme des expériences, des alarmes de confinement et des rumeurs de couloir. Chaque membre du personnel sait qu’ici, nul n’est vraiment en sécurité. Le site n’est pas seulement un lieu d’étude : c’est une cicatrice béante dans la montagne, et une prison dont les murs retiennent des secrets que même la Fondation préférerait ne jamais réveiller.
