La cabine était sombre. Éclairée par une simple bougie à la flamme mourante. Les lieux tanguaient. Oui, vous vous souvenez maintenant. Vous étiez à bord d'un navire, voguant vers une promesse. De l'eau à perte de vue. Cela faisait maintenant plusieurs semaines que vous aviez embarqué. Aviez vous eu le choix ? Étiez vous partis de votre propre chef, ou par la force ? La réponse pourtant ne changeait rien. Vous voguiez depuis trop longtemps, et toujours aucune terre en vue pour l'heure. Au rythme des vagues, bercé par l'océan qui vous semble infini, vous commenciez à douter de la réelle existence de ce continent, de cette île, dont on vous avait parlé. Et vous vous remémoriez peu à peu comment avait débuté ce périple.


Tout avait commencé par une rumeur. Une simple légende que certains marins se racontaient une fois à quai quand ils étaient un peu trop avinés. Des bribes de conversations d'ivrognes avaient alimentés les désirs d'aventures ou de richesses de certains. Une terre aurait été découverte à l'ouest du continent Hyborien. Les ragots concernant cette mise au jour étaient toutefois des plus variés et même parfois fantaisistes. Les racontars donnaient crédit de cette découverte au hasard suite à l'avarie d'un bateau de pêcheur argosséen. Jusqu'à ce qu'au détour de la ruelle d'après, d'autres commères ne mentionnent une enquête minutieuse de la part d'historiens de la cour némédienne de Belverus. A d'autres endroits encore, il s'agissait de rituels mystérieux émanant des sorciers de l'Anneau Noir stygien, responsables de la découverte de cette île inconnue. Ou peut être étaient-ce ceux du Cercle Écarlate khitan ? Finalement, il se disait même que le chemin de ce monde perdu aurait été indiqué par les dieux en personne.


Quels que soient les dires que vous ayez pu entendre, tous se recoupaient sur un point. Ces contrées, distantes de plusieurs semaines à mois du continent Hyborien par les voies navigables, ne seraient pas totalement vierges. Elles abriteraient des vestiges et des ruines d'un temps ancien et oublié. Et en leur sein, des trésors antiques. Des trésors qui bientôt élèveraient bien des curiosités et attireraient des hommes cupides. Le jeu en valait tant la chandelle qu'une cité, du nom de Thessalia, avait déjà été érigée pour accueillir les aventuriers et autres opportunistes sur ces terres lointaines. Des rumeurs qui ne faisaient qu'accroitre la soif d'aventure de chacun. Les langues se déliaient quant à ce territoire inconnu et vaste, évoquant des reliques légendaires et ésotériques. Des artefacts, enterrés sur ces terres, capables selon les commérages de changer la pierre en or, de contrôler le ciel ou même de redonner la vie aux morts.


Alors beaucoup, vous y compris, commencèrent à se poser des questions. Était-ce simplement le fruit des fantasmes de certains marins ou ces reliques ancestrales existaient-elles bien là-bas ? Face à cette interrogation, bon nombre d'aventuriers, ou de prisonniers, avant vous, avaient tranché. Bien aidés par une troupe de marins et de marchands qui affirmaient, carte à l'appui, connaître le chemin pour les amener là-bas. A présent c'était votre tour, et vous étiez en ce moment même dans le même navire qu'eux...


Quelques coups à la porte de votre cabine vous avaient réveillés. Vous levant de votre paillasse peu confortable, vous vous étiez mis debout, ouvrant au visiteur. Un marin se tenait là, un bracelet étrange en mains. Il vous expliqua brièvement la nécessité de porter ce bijoux afin de pénétrer à Thessalia. Selon lui, ce bracelet n'était autre qu'une des reliques retrouvées sur ce continent oublié. Une breloque, dotée d'une pierre bleutée semblable à un saphir, sans lequel nul ne pourrait espérer survivre plus de quelques heures ou de quelques jours peut être, dans cet endroit. Nul ne sut expliquer davantage la raison d'un tel phénomène ou cette étrange sorcellerie. Il vous laissa là, seul avec vos questions, après vous avoir appris un second fait : ce bracelet vous permettait de comprendre les langues d'autrui, ainsi que leurs écrits, si tant est que vous saviez lire.


Face à vous, l'océan donnait l'impression de vouloir donner tort aux rumeurs. Peut être ce bracelet n'était-il rien. Peut être ces marins étaient-ils fous. Peut être ce continent n'existait pas. Les interrogations et oppositions éventuelles n'eurent toutefois pas le temps de véritablement prendre. Au milieu de la brume, au loin, une forme commença à apparaître. "Terre !", beugla d'ailleurs l'un des marins, au sommet du nid de pie.


Après des semaines d'une traversée hasardeuse, sans être sûr que cette expédition n'était pas qu'une simple rumeur née de l'esprit détraqué d'un ivrogne, la fin du voyage se dessinait enfin. Et avec elle, le début d'une tout autre aventure. A la découverte des vestiges de Mayapan...